#Cyberhaine : pourquoi la haine continue sur internet ? (Diffusion 14/03/2019)

#Cyberhaine : pourquoi la haine continue sur internet ? (Diffusion 14/03/2019)

Cette semaine j’ai souhaité revenir sur l’intensification de la haine en ligne sur internet, sans qu’aucun gouvernement ne puisse jusqu’ici l’enrayer par un nouveau plan d’action !

Pire, cette haine sur les réseaux sociaux semble s’être amplifiée depuis la crise des gilets jaunes, avec l’agression filmée envers Alain Finkelkrault …

Pourtant, notre gouvernement s’était donné les moyens en confiant cette réflexion à des spécialistes,

  • Gil Taieb, vice-président du CRIF,
  • Karim Amellal, enseignant à Sciences-po,
  • et la députée Laetitia Avia

qui  avaient remis un rapport consacré à la lutte contre la cyberhaine en septembre dernier avec pour recommandations :

    • Une procédure de signalement plus claire et plus simple avec la création d’un logo dédié au signalement ;
    • D’imposer aux réseaux sociaux un délai de 24h pour retirer des contenus manifestement racistes ou antisémites sur internet ;
    • D’infliger des sanctions financières très fortes aux réseaux qui rechignent à lutter contre la cyber-haine
    • Et surtout de responsabiliser les plateformes.

Car pour l’instant, la lutte contre la cyber-haine repose sur la volonté des plateformes, de retirer (ou non )des contenus haineux et antisémites.

 Face à une résurgence inédite sur les réseaux sociaux de l’antisémitisme, et pour suivre l’exemple allemand plus répressif, Emmanuel Macron a décidé d’annoncer, lors du dernier dîner du CRIF, le dépôt d’une proposition de loi en mai prochain, pour lutter contre la cyber-haine par la député Laetitia Avia, s’inspirant cette fois des propositions du rapport de la mission Taib/Amellal/Avia qui plaidait pour une responsabilisation des réseaux sociaux  et de fortes sanctions financières, à l’instar de l’Allemagne.

Il est vrai que depuis 2004, ces plateformes bénéficient du statut des hébergeurs en ligne avec la loi pour la confiance en l’économie numérique (LCEN), ce qui limite fortement leur responsabilité.

Pour lutter plus vite contre la cyberhaine, le président de la LICRA Mario Stasi n’a pas hésité à demander la levée de l’anonymat sur internet ! Mais c’est oublié que l’anonymat n’existe pas sur internet et qu’il est toujours possible de retrouver l’identité d’un harceleur, à partir de son adresse IP.  

En attendant pas d’autre choix que de se tourner vers la justice pour retrouver son harceleur, même si le délai pour obtenir son identification reste trop long, faute de moyens de la justice !

De plus, il faudra sans doute ouvrir un débat pour trouver LE juste équilibre entre la liberté d’expression et la sanction appliquée pour la cyber-haine comme le fait l’Allemagne.

Gageons que le gouvernement prenne sa part de responsabilité par la création d’un parquet numérique spécialisé, visant à systématiser la réponse pénale aux contenus illicites sur internet, projet pour l’instant resté dans les cartons du Conseil national numérique depuis 2015…

Nathalie Chiche

Rapporteure d’une étude du CESE sur la Gouvernance d’internet