#ParcourSup : un outil de sélection discriminatoire ? (Diffusion 11/04/3019)

#ParcourSup : un outil de sélection discriminatoire ? (Diffusion 11/04/3019)

Cette semaine j’ai souhaité revenir sur la plateforme ParcourSup, cet algorithme chargé de l’affectation de nos étudiants dans l’enseignement supérieur français.

Lancé en mai 2018 pour remplacer Admission Post Bac, ParcourSup fait déjà l’objet de vives critiques, et serait même, plus grave,  suspecté de discriminer les candidats.

C’est sans doute ce qui a motivé le Défenseur des droits Jacques Toubon a monté au créneau, la veille des nouvelles inscriptions et formulations des vœux, pour demander à la Ministre de l’Enseignement supérieur « plus de transparence, de mobilité et de mixité » dans le fonctionnement de ParcourSup.

Il s’est même déclaré favorable à l’anonymisation des candidatures déposées sur la plateforme.
Recommandation qui a été prise en compte puisque désormais, les nom, prénom, adresse et âge du candidat seront occultés lors de l’examen du dossier, par les responsables des formations.

Reste toutefois la mention de son lycée d’origine pour départager les candidats, critère ô prépondérant pour des filières très sélectives (comme les classes préparatoires) !

Difficile de ne pas se rappeler la leçon d’une fable de la Fontaine : « Selon que vous serez blanc (du Lycée Henri IV) ou noir (d’un Lycée de banlieue), les jugements de cour (ici ParcourSup) vous rendront blanc ou noir »

Ainsi, le maintien de ce critère reste une pratique discriminatoire, surtout s’il aboutit à exclure un candidat sur ce fondement !

De plus, la question fait débat sur les critères de sélection utilisés localement et propres à chacune des 70 universités autonomes de France.

Cela va sans doute changer avec la bataille juridique qui oppose l’Université des Antilles au syndicat étudiant l’Unef, qui exige que soit rendu public ces critères dits locaux.

Il est vrai que la publication de l’algorithme national, rendu public dès le lancement de ParcourSup, n’est pas significatif, à l’inverse de ces algorithmes « locaux »,

Il appartient désormais au Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française, de trancher. Nul doute que  cette décision fera jurisprudence.

 

Nathalie Chiche

Rapporteure d’une étude du CESE sur la Gouvernance d’internet